Note d’opportunité et valeur d’usage d’une certification à inscrire au RNCP/RSCH

Ou comment les indicateurs 13, 24 et 30 du RNQ Qualiopi font écho au critère 1 d’enregistrement des certifications aux répertoires de France compétences.

Rappel :

RSCH (Répertoire Spécifique des Certifications et Habilitations) : Répertoire d’enregistrement des projets de certification de compétences professionnelles complémentaires aux certifications professionnelles ou transversales et mobilisables dans diverses situations professionnelles (visant une compétence d’un métier ; certificat de compétences)

RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) : Répertoire d’enregistrement des projets de certifications professionnelles (visant un métier ; diplôme ou certificat professionnel)

 

Ce 3ème édito est consacré à la méthodologie de collecte des données pertinentes qui faciliteront l’écriture et garantiront la recevabilité d’un des documents incontournables à fournir lors du dépôt d’un projet de certification aux 2 Répertoires de France Compétences : l’étude d’opportunité et la démonstration de la valeur d’usage.

[NB. Il sera bien sûr fait exception des projets répondants à la liste des emplois émergents/en forte tension, pour lesquels il n’est pas nécessaire de construire un argumentaire sur l’employabilité.]

Comme le stipule l’article R. 6113-11 du code du travail, chaque certification déposée à France compétences doit être une réponse aux besoins d’emploi direct par la démonstration d’une parfaite adéquation des connaissances et compétences visées par rapport aux besoins du marché du travail.

 

AVANT-PROPOS

Le critère 1 édicté dans le guide méthodologique (version 2020) porte sur « L’ADEQUATION DES CONNAISSANCES ET COMPETENCES VISEES PAR RAPPORT AUX BESOINS DU MARCHE DU TRAVAIL » : en d’autres termes, le porteur de projet de certification doit démontrer l’utilité sociale et économique de son projet de certification. Sans cela, il ne parviendra pas à convaincre France compétences de l’intérêt de son projet pour répondre aux problématiques actuelles du marché de l’emploi et à venir à bout des carences en compétences qui y sont constatées.

L’explicitation argumentée et circonstanciée est donc de mise, mais encore faut-il qu’elle démontre des retombées concrètes en termes d’employabilité : enjeu phare de la Loi Avenir Professionnel !

 

DÉCLINAISON OPÉRATIONNELLE

Axe 1 : Étude d’Opportunité

Le porteur de projet de certification doit procéder à la mesure d’écart entre la situation actuelle des compétences et les résultats attendus par les organisations et pour les individus en termes d’acquisitions de compétences par la mise en œuvre du projet de certification. 

Pour ce faire, il faut :

  • Réaliser des études sectorielles du domaine de réalisation des compétences visées au projet de certification (marché de l’emploi)
  • Présenter l’adéquation de la certification aux besoins recueillis

Axe 2 : Démonstration de la valeur d’usage

La question de l’employabilité et de l’opportunité économique de la certification que le porteur de projet de certification souhaite déposer doit être étayée avec précision.

Pour ce faire, il faut :

  • Démontrer l’impact de la certification aux besoins de l’emploi, et a fortiori sur l’économie française

 

ALLONS PLUS LOIN

Etude d’Opportunité [indicateurs 13 et 24 du RNQ]

Pour assurer une parfaite rédaction de cette étude, le porteur de projet de certification doit répondre de manière explicite, circonstanciée à ces questions :

  • En quoi les compétences visées par le projet de certification répondent à des besoins identifiés sur le marché ?
  • Quel est le besoin réellement exprimé par les acteurs économiques concernés et quelles sont les sources qui en attestent la réalité (études, offres d’emploi mentionnant explicitement la ou les compétences) ?
  • Comment se positionne le projet de certification dans son environnement ? Anticipe-t-il une évolution, l’accompagne-t-il ou bien répond-il à un besoin récurrent des organisations de travail ? 

Pour les porteurs de projet concernés par l’indicateur 13 du RNQ Qualiopi (c’est-à-dire les prestataires de formation proposant des formations en alternance : stages en entreprise, contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation), les données compilées des « missions confiées en entreprise aux apprenants » sont un moyen de révéler au sein de l’étude d’opportunité les besoins actuels en compétences des entreprises employeuses d’alternants.

De même, les résultats de « la veille [réalisée] sur les évolutions des compétences, des métiers et des emplois dans le domaine d’activité » concernés à l’indicateur 24 du RNQ Qualiopi permettent de déterminer le positionnement des compétences visées par le projet ce certification et leur propension à l’évolution dans une logique d’évaluation de leur prospective.

Il s’agit pour le porteur de projet de :

  • repérer puis analyser les besoins avérés sur le marché du travail, puis de présenter la manière dont le projet de certification répond à ces besoins, au gré de :
    • publications, études, diagnostics, données comparables et/ou contextualisées, en termes de classement de compétences, de domaine, d’insertion professionnelle sur des métiers similaires ou proches.
    • recherche documentaire auprès d’organismes spécialisés
    • entretiens d’approfondissement avec les acteurs économiques et institutionnels concernés, les représentants des branches professionnelles, présentant les besoins en compétences identifiés sur leur champ d’intervention (CPNE de branches professionnelles, fédérations d’employeurs, ministères, collectivités locales, ou territoriales, acteurs du service public de l’emploi, Pôle emploi, Apec, etc.).
  • recenser l’offre de certification existante dans le même champ d’activité ou le même domaine de compétence que celui de la certification qu’il souhaite enregistrée à France compétences

 

Démonstration de la Valeur d’usage [indicateur 30 du RNQ]

Pour assurer une parfaite rédaction de cette démonstration, le porteur de projet de certification doit répondre de manière explicite, circonstanciée à ces questions :

  • Est-ce que les compétences identifiées par le projet de certification ont-été utiles  ? (et si oui, comment sont-elles utilisées sur le marché) :
    • aux entreprises et entités utilisatrices
    • Aux actifs dans l’exercice de :
      • leur activité́ professionnelle,
      • leur développement ou la sécurisation de leur carrière,
      • leur mobilité́ ou promotion professionnelle ou sociale

         

  • Le projet de certification a-t-il eu un impact positif sur le parcours professionnel des personnes, en termes d’insertion professionnelle, d’atteinte du métier cible, de type de contrat et de rémunération ?

     

  • Comment les compétences du projet de certification ont-elles répondu concrètement au besoin identifié sur le marché du travail ?

 

Le recueil puis « l’analyse des appréciations [dans le cadre de l’enquête à froid] des bénéficiaires et des commanditaires » réalisés dans les conditions prévues à l’indicateur 30 du RNQ Qualiopi permettent d’aboutir à une synthèse de l’usage de la certification et/ou des compétences visées par les titulaires :
En effet, les questionnaires/enquêtes – évaluant le niveau de transferts des acquis (le niveau 3 d’évaluation selon la méthode Kirkpatrick©)- faisant état des situations de travail dans lesquelles ont été nécessités et mis en œuvre les objectifs du parcours de formation conduisant à une certification, le porteur de projet de certification dispose des éléments de preuve tangibles (et donc à exploiter lors du dépôt à France compétences) démontrant l’utilité de sa certification, l’impact sur l’employabilité ou la sécurisation des parcours professionnels des utilisateurs de sa certification, et les conditions spécifiques d’utilisation des compétences selon certaines situations de travail.

Il s’agit pour le porteur de projet de montrer concrètement l’utilité avérée de son projet de certification en présentant la réponse apportée par la certification, les bénéfices explicités pour les titulaires, au sein de l’environnement économique et social du domaine concerné, au gré de témoignages :

  • d’entités utilisatrices de la certification ayant effectivement eu recours au projet de certification (commanditaires, bénéficiaires, financeurs de la certification)
  • d’acteurs institutionnels (CPNE, de fédérations d’employeurs, de ministères ou leurs délégations régionales, etc.) décrivant les bénéfices observés et effectifs du projet de certification au regard des compétences attestées ;

Ainsi, nous comprenons bien l’importance (primordiale !) de faire vivre le dispositif de formation conduisant au projet de certification avant toute demande d’enregistrement auprès de France Compétences. C’est au travers de ce dispositif de formation que l’on peut appréhender les évolutions probables des besoins, disposer des données métiers et éléments qualitatifs à faire valoir dans le dossier et constituer la preuve de l’ancrage réel des compétences du projet de certification dans un contexte professionnel.

Dans notre 4ème édito, je vous présenterai ma méthodologie d’approche de l’analyse de l’insertion professionnelle (livrable uniquement demandé pour tout projet de certification à inscrire au RNCP), faisant également partie du critère 1 car servant de preuve à la démonstration de la valeur d’usage réalisée dans la cadre d’un projet de dépôt d’une certification au RNCP, et dont l’indicateur 30 du RNQ Qualiopi comporte déjà des éléments pertinents à exploiter pour réaliser cette analyse.

Sources : Centre Inffo ; France compétences

RELIRE LES PREMIERS ARTICLES DE LA SÉRIE : 

Élodie Arnaud Cavigioli

Depuis 2005, j’ai à cœur de favoriser la relation de proximité avec tous les acteurs de la formation.
J’ai notamment développé une méthode d’analyse et d’accompagnement « humaniste » des prestataires de formation lors de missions d’audit et de conseils que je propose.

C’est avec écoute et bienveillance que j’œuvre aujourd’hui pour que chaque mission qui me soit confiée soit un apprentissage mutuel : Conseil en stratégie de financement et optimisation budgétaire du plan de formation (PDC), Conseil en stratégie de commercialisation de l’offre de formation/blocs de compétences, Qualiopi® : Diagnostic qualité et évaluation de processus, Pré-audit, Formation intra sur-mesure des collaborateurs de l’organisme, accompagnement vers la certification, RSCH/RNCP : Gestion des projets de certifications, Gestion des projets de création d’OF et CFA d’entreprise, Chefferie de projets pédagogiques et évaluation des dispositifs de formation selon la méthode Kirkpatrick®.

La transmission des savoirs, le partage de pratiques et le « mieux former » sont les leitmotiv de mes méthodes de travail et principes d’accompagnement.
Le tout, dans le respect de l’#EffiQualité, que je prône en formation professionnelle pour une société plus communicante, plus apprenante, plus efficiente.

C’est pourquoi, passionnée par l’écosystème de la formation professionnelle et de la qualité en formation, je participe activement à la consolidation d’éléments de veille sectorielle, que j’ai l’honneur de réaliser en tant que partenaire de « Veille Formation ».

Page LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/elodiecavigioli-consultante